mercredi 8 octobre 2014

Direction Californie

JOUR  7     vendredi 22 août    

États rencontrés  :  Texas  –  Nouveau-Mexique
Distance  :  environ 200 miles
Endroits visités  :  Palo Duro Canyon state park  –  Roswell


Aux États-Unis, tout est fait pour le « tourisme de char ». C’est un peu problématique quand on est en moto et qu’on n’a pas de place pour ranger nos affaires. Dans ce cas-ci, les toilettes n’étaient pas nécessairement à la même place que les sites de camping. On a choisi un endroit où on pouvait se rendre à pied aux salles de bain en moins d’un kilomètre.

La plupart des parcs sont très grands. Il y a plusieurs stationnements où on peut accéder à des sentiers ou à des points de vue. C’est ce qu’on a réalisé au canyon Palo Duro. On s’était dit qu’on ferait un sentier assez proche de notre lieu de camping, mais ce bout de route était fermé, alors le temps qu’on atteigne le début d’un autre sentier, on avait suffisamment marché pour le temps qu’on avait ce matin-là. On aura donc marché principalement sur la route asphaltée, mais on est au moins entrés dans le sentier pour voir la nature d’un peu plus près.  

En marchant sur la route :



Un mille-pattes ! (environ 12 cm) :


Étirements matinaux dans le sentier :


C’est au canyon Palo Duro qu’on a vu nos premiers cactus du voyage, le type de cactus qu’on verra le plus souvent pendant le reste du voyage, et au plus grand nombre d’endroits :



de même que nos premiers lézards :


Ce sont les seuls lézards rayés qu’on a vus, les suivants avaient plutôt des motifs en losanges.   

Une fois ramassés, on a complété le tour du parc en moto et fait un petit tour au centre d’interprétation, où un visiteur nous a abordés pour nous parler de l’importance de croire en Dieu pour sauver notre âme, puis on a pris la route direction Roswell, Nouveau-Mexique. On a changé d’heure pour la seconde fois en entrant dans cet état.

On est arrivés en après-midi, pris une chambre tout-de-suite, puis fait un tour sur la rue principale. On a été limite un peu déçus. On s’imaginait plus de représentations d’extra-terrestres et d’ovnis partout dans cette ville célèbre d’environ 50 000 habitants. Apparemment, ça dépend des gens. On en voit sur certains commerces, au bon vouloir des propriétaires. Il y a quand même un musée consacré à l’ufologie au centre-ville et une poignée de boutiques à la sauce ovni :




Un resto surprenant aperçu à Roswell :




JOUR  8     samedi 23 août    

États rencontrés  :  Nouveau-Mexique  –  Arizona
Distance  :  environ 350 miles
Endroits visités  :  Very Large Array


L’avantage de dormir dans les motels, c’est qu’il y a généralement un petit frigidaire avec, si on est chanceux, un congélateur pour faire geler des bouteilles d’eau pour la glaciaire. Souvent, il y a aussi une machine à glace pour garder notre eau froide pour la journée ou carrément remplir nos contenants pour tenir la bouffe froide. Pousser sur les cubes de glace pour les faire entrer dans le goulot trop petit d’une bouteille de lait vide est un exercice que l’on aura répété étonnamment souvent pendant le voyage :  


À peine sortis de Roswell, on a rencontré nos premiers paysages montagneux. En fait, en route vers le Very Large Array, le radiotélescope formé de plusieurs antennes qui bougent ensemble, on a vu tout un éventail de paysages. D’abord, des petites collines dans le désert, puis des vallons verdoyants, avec une température agréablement fraîche comparée aux journées précédentes :




et finalement des montagnes plus impressionnantes :


On est également passés par un type de désert particulier formé de roches noires et de cactus étranges avec de longues tiges :



C’est la seule fois du voyage où on a observé ce genre de nature.

Après avoir dîné à Socorro, on s’est dirigés vers les fameux télescopes. J’avais lu sur internet qu’il n’y avait pas de visite organisée, donc je m’attendais à voir quelques pancartes, prendre des photos et partir. Je n’étais même pas sûre qu’il y avait une bâtisse pour accueillir les visiteurs. Mais il y avait un beau petit centre d’interprétation (gratuit !), un parcours avec des pancartes, une boutique (évidemment !) et un film qui expliquait très bien l’histoire et l’utilisation du site. Le plus surprenant, c’est que la disposition des 27 antennes peut être modifiée. Elles peuvent être glissées sur des rails qui s’étendent en forme de Y sur un maximum de 13 miles pour chacune des branches. Ça doit être assez plate de visiter quand le radiotélescope est à sa position la plus étendue. La beauté c’est de voir toutes les antennes dans le champ orientées du même côté. Ça fait tellement de belles photos, les antennes sont de bons sujets ! À noter que l’antenne qui n’est pas dans le même sens que les autres est en maintenance.




Lors de notre passage, c’était la configuration la plus rapprochée, on a eu de la chance. En plus, ça a l’air qu’on était pendant la saison des pluies, et que cette verdure ne dure qu’environ un mois, le reste de l’année, tout est brun. Il semblerait que l’invasion de criquets et de sauterelles était aussi inhabituelle. C’était impressionnant en tout cas. On ne pouvait pas marcher sans les écraser. La moto et les vêtements d’Antoine sont restés parsemés de morceaux d’insectes pendant quelques jours.

On est entrés en Arizona vers l’heure du souper :


On avait prévu se rendre jusqu’au Petrified Forest national park et y camper, mais la fatigue et le soleil dans la face (direction plein ouest au coucher du soleil !) nous ont convaincu d’arrêter un peu plus tôt et de chercher une chambre. J’ai eu une grosse surprise en voyant l’heure à notre motel de St. Johns : on avait changé d’heure, pour la 2e fois en 2 jours. Je m’attendais à changer pour la 3e et dernière fois seulement en entrant en Californie, mais comme la plus grande partie de l’Arizona ne se met pas à l’heure d’été, on avait déjà atteint l’heure du Pacifique.



JOUR  9     dimanche 24 août    

États rencontrés  :  Arizona
Distance  :  environ 150 miles
Endroits visités  :  Petrified Forest national park  –  Meteor Crater


Le bon côté avec ces changements d’heure à répétition, c’est qu’on était de bonne heure sur le piton ce matin là. Ça tombe bien, on avait une grosse journée avec 2 endroits à visiter. On est arrivés au parc de la forêt pétrifiée, il n’était même pas 8h30. Il ne faisait pas encore trop chaud dans le désert, comme en témoigne le port de nos habits de moto sur les premières photos. C’est sur le petit sentier derrière le centre d’interprétation, au tout début du parc.

Moi avec du bois pétrifié :


Antoine avec du (gros) bois pétrifié :


Cactus avec du bois pétrifié :


Ces arbres datent de l’époque des dinosaures et se sont sédimentés à l’abri de l’oxygène. Au fur et à mesure que mourraient les cellules vivantes à l’intérieur, l’espace étaient pris par des minéraux. C’est pourquoi l’extérieur ressemble encore énormément à un arbre, mais par la tranche on dirait du marbre. À noter que l’écorce n’est plus là, ce qu’on voit, c’est la couche juste en-dessous.

Faut croire qu’il y a eu beaucoup d’érosion sur un grand secteur du désert puisque des milliers de ces morceaux de bois ont été mis à nus. Ils jonchent les champs dans plusieurs sections du parc, ils n’ont pas été posés là. Ici, c’est un autre petit sentier :


auquel on avait accès en se stationnant au pied de cette jolie montagne :


Tout le long des 28 miles de la route principale du parc, il y a de nombreux points de vue, arrêts informatifs avec pancartes, petits sentiers… parfaitement adapté pour le tourisme de char ! Il y avait notamment des endroits où les strates de roches visibles, associées à des époques différentes, faisaient en sorte que le paysage tirait plus sur le bleu ou sur le rouge. À certains arrêts, ça traitait des animaux qu’on peut trouver dans le parc et à d’autres des anciens amérindiens qui y ont vécu. Il y avait les vestiges d’un de leur village et des pétroglyphes, des dessins gravés sur les roches. On n’a pas tout fait, mais on s’est arrêtés à plusieurs endroits.

Voici  2 beaux points de vue :



et un pont de bois pétrifié :


Il est maintenant soutenu par du béton pour le conserver, mais on pouvait le voir au naturel sur les vieilles photos du début 1900. Le sol s’est érodé sous lui et l’arbre fossilisé est resté.

On a quitté le parc sur l’heure du dîner et on est arrivés au camping du Meteor Crater en après-midi, à peine quelques 78 miles plus loin. Le gros dépanneur et le camping sont opérés par les mêmes propriétaires que le site du cratère, pas étonnant qu’on ait un gros 2 $ de rabais sur notre entrée lorsqu’on réside au camping ! Une fois la tente installée, on est partis sans vêtement de moto se faire aérer pour une des rares fois du voyage sur les quelques 6 miles nous séparant de l’attrait touristique.

Il y a pas mal de contenu dans le centre d’interprétation, notamment un film, plein de gadgets interactifs et le plus gros des fragments de météorite retrouvés (et on peut y toucher, il n’est même pas protégé !) :


Mais il n’y a rien comme une visite guidée, disponible à chaque demi-heure. On était les seuls pour le départ de 15h30 ! Notre guide (amérindien !) s’est fait poser pas mal de questions. Un autre avantage de prendre la visite guidée, c’est qu’on peut voir le cratère d’un angle différent, inaccessible avec les visites libres (et le guide s’offre pour prendre la photo) :


Comme ils le disent si bien, le Meteor crater est le cratère le mieux préservé et le premier dont l’origine météoritique a été prouvée. Avant cela, les géologues croyaient que tous les cratères étaient d’origine volcanique. Et pour ceux qui se posent la question, lors de très gros impacts, la roche est pulvérisée à son arrivée au sol, c’est pourquoi on ne retrouve que de petits morceaux de météorites. Malheureusement pour monsieur Barringer…

Je prends le temps de vous raconter l’anecdote. Monsieur Barringer était convaincu, avant les scientifiques, de l’origine météoritique du cratère. À juste titre d’ailleurs. Mais il croyait qu’une énorme météorite était enfouie au fond du cratère, il ne savait pas que la roche extraterrestre avait été pulvérisée. Il a acheté les droits de prospection et a creusé avec toute une équipe pendant 25 ans. Il y a mis tout son argent, n'a évidemment rien trouvé et est mort pauvre. Sa famille a hérité… d’un cratère ! Lors de la création de l’état de l’Arizona, les responsables du gouvernement avaient fort à faire pour donner un statut de protection à un autre gros trou, à une centaine de miles de là, communément appelé le Grand Canyon. Ils n’avaient pas de temps à perdre avec un cratère. Les deux familles propriétaires des terres environnantes ont remarqué le potentiel lucratif de la chose en voyant de nombreuses personnes passer sur leur terrain pour aller voir le cratère. Alors ils ont fondé une compagnie, qui possède aujourd’hui les droits d’opérer le site, le centre d’interprétation (ainsi que le camping et le dépanneur)… et qui paie des redevances (appréciables) aux descendants de monsieur Barringer, toujours propriétaires du cratère comme tel.   

Le cratère vu d’un autre angle (celui des visites libres) :


Il est difficile sur photo d’imaginer la taille du cratère. En fait, il est aussi difficile en vrai de concevoir à quel point c’est immense parce qu’on n’a pas beaucoup de repères visuels (arbres, édifices, etc.). C’est pourquoi ils ont placé des objets au fond du trou. Concentrez-vous sur le cercle de sable tout au fond du cratère, plus précisément dans le cercle rouge :


Vous devriez maintenant voir, flou, un drapeau des États-Unis, et à gauche de celui-ci, la forme, très très floue, d’un astronaute en carton de 6 pieds de haut :


On est retournés souper à notre camping :


Un petit coucher de soleil sur le décor aride de l’Arizona pour terminer cette journée bien remplie :




JOUR  10     lundi 25 août    

États rencontrés  :  Arizona – Californie
Distance  :  près de 400 miles
Endroits visités  :  Aucun


On est partis assez tard du coin puisqu’on a fait notre deuxième lessive de voyage dans la buanderie du camping (on avait fait la première chez Paul avant de partir de Tulsa). J’en profite pour vous mentionner que même le long de l’autoroute 40, qui s’en va directement à Los Angeles, on est encore sur le trajet de la fameuse route 66. En tout cas, le dépanneur du camping l’affiche fièrement :



Mais nous, on n’allait pas se rendre jusqu’à L.A., pas même jusqu’à la côte pacifique. C’est ce matin là qu’on a pris la décision de laisser faire la mer, pour avoir plus de temps sur le retour et mieux profiter du voyage.

On n’avait pas encore fait beaucoup de route qu’on est restés pris dans le trafic, dans une belle forêt de pins des environs de Flagstaff (la ville par laquelle on accède au côté sud du Grand Canyon, mais nous on se gardait ça pour le retour) :


On devait en avoir pour une quinzaine de minutes en raison d’un dynamitage, mais ça a été plus long que prévu. On en a profité pour jaser avec le chauffeur de la van derrière nous. Je pensais qu’on aurait ce genre de paysages pour les prochains jours. Dans me tête, Californie = montagnes = forêts de conifères… pas tout à fait ça ! Sitôt redescendus de cette zone en haute altitude, le désert avait repris ses droits. Sur l’autoroute très largement inhabité du désert californien (il faut vraiment mettre de l’essence là où on peut !), on a d’ailleurs eu droit à une nouvelle sorte de plantes :


De loin, on dirait un cactus, mais de près, on voit clairement les petites feuilles :


 Dodo dans un motel dans la petite ville de Barstow, Californie.