mercredi 28 janvier 2015

Coeur du voyage

JOUR  11     mardi 26 août    

États rencontrés  :  Californie
Distance  :  environ 300 miles (incluant beaucoup de viraillage)
Endroits visités  :  Route de montagne impressionnante  –  Entrée de Death Valley national park


Maintenant que la décision de ne pas parcourir la côte ouest était prise, on pouvait prendre un peu plus notre temps (un peu !). Il y a beaucoup de parcs légèrement plus au nord de la Californie, notamment le Sequoia national park. Plusieurs de ces parcs sont connectés formant une grande tache verte sur la carte. On passait tout au sud de cet ensemble de parcs, là où sur la carte il est écrit : Sequoia national forest. On s’était dit qu’on entrerait dans cette immense tache verte par le sud dans l’espoir d’apercevoir ces fameux grands arbres. Il s’avère que les séquoias ne sont présents qu’à certains endroits très précis on qu’on était trop au sud, et surtout trop à l’est pour les voir. Les montagnes qu’on longeait sont les Sierra Nevada (et non pas les Rocheuses, qui se trouvent plus à l’est). Si le côté ouest est suffisamment humide pour soutenir des forêts de conifères géants, recevant sans doute beaucoup plus de pluie, le versant oriental est plutôt désertique. Si on n’avait pas décidé de prendre une route de montagne et de monter en altitude, on n’aurait vu que des déserts cette journée là.

Tout de suite à la base de notre fameuse route de montagne (qu’on avait choisi en zoomant vraiment, vraiment beaucoup sur Google map !), on commençait à douter de rencontrer un paysage adéquat pour des séquoias géants :


On était plutôt en mode cactus à ce moment là :


Bon techniquement, ce ne sont pas des cactus, ce seraient des yuccas, plus spécifiquement des arbres de Joshua. Je ne sais pas du tout dans quelle mesure les cactus, les yuccas et les palmiers sont apparentés, mais quoi qu’il en soit, on a eu la chance d’en voir beaucoup de ces faux arbres. Sauf que là c’était définitivement la plus grosse « grappe » qu’on a rencontrée.


La route était très impressionnante : étroite, toute en courbe, et longeant d’un peu trop près le bord des montagnes. Mais c’était magnifique. Une dizaine de minutes de montée. Une fois dans les montagnes, on a roulé raisonnablement loin selon ce que nous permettait notre petit réservoir d’essence. C’était définitivement des forêts de conifères, mais le sol demeurait très sableux. À défaut de séquoias, on s’est assis au beau milieu des grands pins, ou plutôt au beau milieu des méga cocottes, pour faire un pique-nique :


Ça faisait changement des déserts et on était super contents de notre détour. En redescendant, on quittait assez vite les pins pour retrouver notre décor habituel : 



Le plan était de traverser la Vallée de la mort le lendemain, mais on s’est retrouvés dedans plus vite que prévu. En fait, on n’était pas officiellement dans la vallée, mais on avait franchi les limites du parc national lorsqu’Antoine m’a fait comprendre que ce n’est pas là qu’on allait trouver une place à dormir. On avait dépassé un des plus beaux points de vue du parc :



situé juste avant une longue descente, une (autre) route étroite et impressionnante. 


On est donc revenus plusieurs miles sur nos pas, jusqu’au petit village de Olancha, où le choix de chambres étaient plutôt limité. On aurait dû aller directement vers la petite ville de Lone Pine à notre sortie de Death Valley, puisque c’est là qu’on s’est ramassés de toute façon. C’est un des rares endroits où en cette fin août, il y avait un fort taux d’occupation, probablement parce qu’il n’y a pas 28 façons de traverser Death Valley et que la plupart des gens veulent dormir proche pour visiter le parc tôt le matin avant que la chaleur ne devienne insupportable. Pour éviter de se ramasser sans place à dormir, on a pris tout-de-suite une chambre chère, la plus chère du voyage en fait. Je suppose que ce n’est pas la fin du monde de choisir un peu de luxe de temps en temps, et le spa n’était pas désagréable du tout !


Sur le coup, j’étais un peu frustrée d’avoir mal planifié et fait tous ces détours, alors que pour une fois, on avait peu de route au programme, mais ça nous a permis de dormir juste en face du Mont Whitney, la plus grosse montagne des États-Unis (à l’exclusion de l’Alaska et d’Hawaii) :


On ne l’aurait pas vue sinon. J’avais de la misère à croire que j’avais devant moi un pic de 4 400 mètres. Dans ma tête, montagne de 4 000 mètres = neige ! En plus, on en voit sur toutes les photos touristiques. Inconvénient du mois d’août j’imagine !



JOUR  12     mercredi 27 août    

États rencontrés  :  Californie  –  Nevada
Distance  :  plus de 200 miles
Endroits visités  :  Death Valley national park  –  Las Vegas


Après quelques miles d’un décor connu, on est entrés dans le parc national de la Vallée de la mort pour une 2e journée consécutive, on a dépassé le superbe point de vue sans vraiment y porter attention, comme des habitués, descendus la grande côté sans (presque) être impressionnés, puis on s’est enfin retrouvés dans un paysage nouveau :


Ici, la pancarte indique 1 000 pieds d’élévation, c’est encore beaucoup. Le point le plus bas de la vallée est à 280 pieds sous le niveau de la mer… à moins d’une centaine de miles des 14 500 pieds du fameux Mont Witney, c’est d’autant plus impressionnant ! Death Valley possède l’altitude la plus basse d’Amérique du Nord.

On ne s’est pas trop attardés dans le parc, parce que, bien sûr, il fait chaud !! Comme l’indiquait si bien l’affiche dans la petite cabane où on est arrêtés payer nos droits d’entrée (en même temps qu’un Français, un des rares qu’on a rencontrés) : « La chaleur a causé 2 morts dans la Vallée de la mort depuis avril 2014. Faites de la randonnée le matin… ou pas du tout. »

On a donc roulé et fait peu d’arrêts. Quelques paysages : 




Le dernier était une pause cactus :



Une fois sortis du parc, on a emprunté une route secondaire en direction de Las Vegas, notre plus grosse ville du voyage.

Je ne pensais pas que j’aimerais ça, mais tant qu’à y être, autant se laisser prendre au jeu ! Pas au jeu du casino, au jeu de la démesure. Je ne dis pas que j’y resterais plusieurs jours, mais ça vaut le coup d’œil.

La première chose qu’on avait prévue de faire, c’est manger au Heart Attack Grill. Ça tombait bien, c’était tout près de l’hôtel qu’on avait réservé la veille sur internet. On avait un peu peur de se faire avoir avec cette méthode, mais non, ça fonctionne bien. De toute façon, j’ai l’impression qu’à Vegas, les chambres ne sont pas chères pour motiver les gens à rester plus longtemps. C’est ainsi qu’après la chambre la plus chère du voyage la veille à Lone Pine, le lendemain ça a été la moins coûteuse du séjour.

Après s’être installés dans notre chambre, au 17e étage du Plaza, au rez-de-chaussée duquel se trouve un casino avec des vieux tapis et une odeur de cigarette peu attrayante (notre chambre sentait bon, pas de problème), on est partis à pied par la longue rue piétonne couverte juste en face de l’hôtel.      


Ça fait un peu bizarre de voir passer des voitures, et même des autobus, sur les rues transversales. Tout le long, des casinos, quelques amuseurs publics, une tyrolienne au plafond, des casinos… Il y a plein d’affiches de bouffe et de restos, mais ceux-ci sont à l’intérieur même des casinos, tout est pensé ! D’ailleurs, côté gastronomie, on repassera :


On arrive au Heart Attack Grill vers 15h (on n’avait pas dîné). D’abord la pesée officielle :


Je suis nettement trop légère pour manger gratuitement ! Une fois revêtus de la jaquette d’hôpital et munis d’un bracelet médical, on est prêts à explorer le menu :



On se décide pour le plus petit burger, le « simple pontage », puisque c’est le seul qu’on a le droit de partager à deux. Extra bacon, mais pas de boisson ni de frite, on a l’air un peu cheap devant notre infirmière (serveuse) sexy.


Le pire, c’est qu’il est super bon ! En même temps, une moitié, c’est raisonnable, surtout qu’à mi-parcours de notre voyage, on commence à être assez endurcis côté fast food !

Ce qui nous a le plus surpris, ce ne sont pas les fausses infirmières qui te font la fessée si tu ne finis pas ton assiette, les jaquettes d’hôpital ou le décor ridicule du restaurant. On avait largement entendu parler de tout le grotesque de l’expérience sur internet, c’est pour ça qu’on voulait y aller. Non, le plus surprenant, c’est que notre infirmière sexy… était naine !!!

On s’est promenés à pied pendant un certain temps. On a croisé plusieurs des célèbres chapelles de mariages instantanés de Las Vegas :



Apparemment, les Américains n’ont pas assez du service à l’auto au resto, à la banque et à la pharmacie, on peut même se marier drive-thru ! On a aperçu la tour de loin, au sommet duquel se trouvent des manèges :


Puis on est tombés sur un des rares coins non quétaines de la ville, un genre de petite place avec une scène de spectacle et des commerces cutes où ils faisaient de bons pop sicles et slushs avec du vrai jus et où, phénomène rare aux États-Unis, il y avait même des bacs de recyclage ! Définitivement le rendez-vous des 2 ou 3 Hipsters de Vegas !

Sur le retour, on s’est arrêtés pour perdre symboliquement 6 ou 7 dollars dans un des casinos de la rue couverte et dans le nôtre, puant, au rez-de-chaussée de l’hôtel. Comme on est rentrés tôt au Plaza, j’en ai profité pour faire une baignade, quelques étages plus bas que notre chambre :


Fidèles à nous-mêmes, Vegas ou pas, on s’est couchés pas mal en même temps que le soleil !



JOUR  13     jeudi 28 août    

États rencontrés  :  Nevada  –  Arizona (à peine !)  –  Utah
Distance  :  plus de 150 miles

Endroits visités  :  Las Vegas  –  Zion national park 


Il semble y avoir deux pôles à Las Vegas. On était dans le vieux centre-ville, où se trouvent surtout des casinos. Avant de partir, on a fait un petit détour, sans débarquer de la moto, par le pôle plus familial et plus spectaculaire. C’est là qu’on rencontre la fausse tour Eiffel :


(qui est en réalité un restaurant), le Caesars Palace :


où se produisait Céline, ainsi qu’une fausse Statue de la Liberté et un faux Empire State Building :


On serait arrivés tôt au parc national de Zion si on n’avait pas été pris dans un embouteillage sur l’autoroute en plein milieu de Las Vegas. Les habits de moto sont bien aérés quand on roule, mais bloqués au soleil à 30° C, c’est une autre paire de manches !

On y est quand même arrivés en début d’après-midi. Dès que la tente a été montée, on a pris une navette qui nous permet d’explorer une section du parc inaccessible aux voitures. 


Pour une fois, un parc américain qui encourage à moins utiliser l’auto ! Le système fonctionne bien, il y a plusieurs arrêts où l’on peut monter ou descendre.


Celui-ci a été l’occasion d’observer nos chers amis les lézards :


Il y en a 2 sur la roche, en passant.

À bord de l’autobus, on nous donne des infos sur l’histoire, la géologie et la faune unique du parc. Zion est entièrement situé dans un large canyon. C’est un des plus beaux endroits qu’on a visités. On l’aurait manqué sans la recommandation de Paul, notre 2e hôte de couch surfing. Le nom de Zion, au fait, c’est une référence biblique à une sorte de paradis sur Terre. On a appris ça à notre visite du centre d’interprétation.

Le problème avec les canyons, c’est que dès que la lumière décline, ça devient difficile de prendre des photos :



Mis à part le lézard, l’animal le plus commun du parc est sans doute le cerf mulet. Très peu dérangé par l’homme, ce chevreuil à longues oreilles est très à son aise au milieu des installations humaines :



Après un souper relax, on a fait connaissance avec nos voisins de camping, des Néerlandais qui faisaient un trajet similaire au nôtre. Faut dire que le road trip, c’est pas mal la façon de voyager dans le sud-ouest des États.



JOUR  14     vendredi 29 août    

États rencontrés  :  Utah  –  Arizona
Distance  :  environ 200 miles
Endroits visités  :  Zion national park  –  Grand Canyon national park  


On s’est levés de bonne heure pour profiter de Zion encore un peu et faire une petite randonnée. Parmi toutes celles disponibles, on avait choisi les « étangs émeraudes ». Elle était courte et ça sonnait bien. On a été un peu déçus de constater que plutôt que d’être formés d’une belle eau cristalline, les étangs en question étaient verts à cause des algues. Bon… au moins la vue était superbe, il y avait une belle chute et il faisait juste bien frais en ce début de journée.




L’arrêt de navette pour cette randonnée se faisait près de l’hôtel du parc :


Une fois nos bagages ramassés, on est repartis par l’autre embranchement du parc. Arrêt cactus dès le départ :


Dès qu’on ressort du canyon par ce chemin, il faut traverser un long tunnel où des puits de lumière ont été aménagés :


puis on se retrouve assez rapidement dans un décor très différent, mais tout aussi impressionnant :




grâce notamment aux formations rocheuses qui ont l’air compressées.

On est entrés en Arizona pour la 3e et dernière fois question de visiter l’attraction sans doute la plus célèbre de toute la région, qu’on avait contournée par le sud : le Grand Canyon. On a fait le choix de visiter le côté nord, moins touristique.

On a laissé une bonne partie de nos bagages à Jacob Lake, le « village » qui se trouve une quarantaine de miles avant North Rim. En gros, c’est plus un camping-hôtel-dépanneur-restaurant-poste d’essence qui ne vit que pour les touristes en route vers le Grand Canyon. On ne pouvait pas encore prendre de chambre, mais le gars était sympathique et il a accepté de garder nos affaires derrière le comptoir.

C’est dommage qu’on ait été aussi fatigués cet après-midi là, on n’en a peut-être pas profité à sa juste valeur. C’est sûr que c’est beau et spectaculaire, mais contrairement à beaucoup d’autres endroits qu’on a visités, où on ne savait pas trop à quoi s’attendre, le Grand Canyon, on se doute que c’est impressionnant. Apparemment, les vues du côté sud sont plus saisissantes, mais on était contents d’avoir choisi le nord, il n’y avait pas de pavillon ou de boutique tape-à-l’œil comme on pourrait s’attendre d’un endroit aussi connu.

À partir du restaurant, qu'on aperçoit en haut de cette image, 


et dont la terrasse s’ouvre complètement sur la vue du canyon :


il y a un court sentier sur une corniche étroite qui mène à un autre belvédère. C’est le premier point du vue qu’on a visité et le seul qui était un peu épeurant parce que ça tombait à pic à plusieurs endroits de chaque côté du sentier :


On a ensuite suivi une route panoramique qui menait à plusieurs points de vue différents. C’est certainement le plus long trajet qu’on a fait sans nos vêtements de protection. Pour embarquer et débarquer toutes les 10 minutes, c’est pratique de tricher un peu.




Le dernier belvédère du parcours est situé sur une grosse pointe de roche trouée :


C’est un des rares endroits où on peut apercevoir le fleuve Colorado dans le fond du canyon, et encore :


Oh, encore un lézard :


Enlever les vêtements de moto implique qu’il faut les remettre avant de partir. On se change près de la moto sur le bord du Grand Canyon :


La route nous a paru longue pour rentrer à Jacob Lake. C’est une des rares fois où on a roulé de noirceur, et il faisait froid dans les forêts de conifères. En plus, il y avait des dizaines et des dizaines de cerfs mulets qui broutaient à la pénombre dans les champs, tout le long de la route, j’avais peur d’en croiser un de trop proche.

Le gars était toujours au comptoir. On a récupéré nos affaires, pris notre chambre et au dodo. On n’a pas vraiment soupé ce soir-là, on était crevés.