mardi 24 février 2015

Colorado

JOUR  15     samedi 30 août    

États rencontrés  :  Arizona  –  (Utah  –  Nouveau-Mexique)  –  Colorado
Distance  :  environ 300 miles
Endroits visités  :  Four Corners Monument


Si on avait décidé de se rendre jusqu’au Pacifique, on aurait été vraiment pressés sur le retour. On aurait été obligés de traverser le Colorado sans s’arrêter pour visiter. On a eu la confirmation d’avoir pris la bonne décision puisque nos derniers arrêts potentiels (selon notre itinéraire de départ) en valaient vraiment la peine. Les deux derniers parcs visités nous ont permis de profiter de décors très différents de ce qu’on avait pu voir jusque là. Un des buts de ce voyage était de découvrir des paysages désertiques et il a été largement atteint. On était contents vers la fin de changer un peu de registre.

On s’est donc levés ce matin là dans une chambre d’hôtel pas comme les autres, à Jacob Lake, le « village » logeant les visiteurs du Grand Canyon. Bien que de l’extérieur on dirait une cabine rustique,


il s’agit bel et bien d’une chambre d’hôtel :


On n’avait pas d’endroits majeurs à visiter au programme ce jour là, mais on a eu l’occasion de voir de belles choses en chemin. Peu de temps après le départ, un pont qui enjambe le fleuve Colorado :



Alors qu’on avait peiné à apercevoir le cours d’eau au fond du Grand Canyon, c’est le lendemain qu’on l’aura vu le mieux, agrémenté de nombreux kayaks.

Cette journée en a même été une de découverte culturelle. La région qu’on traversait s’appelle « les 4 coins », parce que c’est le seul endroit aux États-Unis où il y a une frontière entre 4 états. On avait entendu parler en début de voyage qu’il y avait un monument marquant cette frontière, et selon certains changements d’itinéraire, on s’adonnait à y passer par hasard. 

Ce qu’il faut surtout savoir de la région des « 4 coins », c’est que c’est un territoire amérindien semi-autonome, le plus grand aux États-Unis. Les Navajo sont le plus grand groupe amérindien du pays et leur territoire couvre une partie de l’Arizona, du Colorado et du Nouveau-Mexique. La région de l’Utah qui fait partie des « 4 coins » est aussi amérindienne, mais il s’agit d’une autre tribu.

À côté du pont et du point de vue sur le Colorado, on a rencontré les premiers étalages de vente d’artisanat autochtone d’une longue série. Toute la journée, entre les villes, on a traversé des paysages assez désertiques, où à peu près chaque propriété, espacée de ses voisines, a son kiosque d’artisanat (en fonction ou délabré). Et quand je dis propriété, c’est généralement une roulotte ou une cabane à côté duquel trône un gros pick-up qui fait paraître la maison encore plus petite, et quelques chevaux qui broutent. Ils ont tous des chevaux ! Pratiquement pas vu de vaches. Ils ne gèrent certainement pas tous un centre d’équitation… peut-être qu’ils les mangent. Ou alors c’est vraiment culturel. Tout le monde a un cheval, c’est comme ça et ça finit là ! En tout cas, la pauvreté se fait sentir. À se demander de quoi vivent ces gens. (Et on s’abstient ici s’il-vous-plaît de répondre : « d’aides gouvernementales », ce n’est pas politiquement correct !)

On s’est arrêtés pour dîner au McDo de Tuba city, la plus grosse ville navajo. Si au Québec, pour se sentir dépaysé dans une réserve, il faut aller assez loin dans le Nord, au McDo de Tuba city, Antoine et moi on était vraiment en minorité ethnique. Tous les clients et les employés étaient autochtones. Et ils n’ont certainement pas le même bagage génétique que les Crees ou les Innus, ils ressemblent un peu plus à des Mayas.
 
Directement sur le bord de l’autoroute, on a croisé cette surprenante formation rocheuse :


surnommée « Elephant’s feet », comme l’a mentionné à Antoine la dame qui vendait de l’artisanat dans son pick-up pendant que je faisais la pose.

On savait que le monument marquant les « 4 coins » était juste un petit bloc de ciment ridicule. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’il en coûte 5 $ par personne pour le voir ! 5 $ par véhicule, ce serait déjà pas si pire, mais par personne… ! Il s’agit d’un parc navajo. Pas fédéral ou « étatique », mais géré comme ils le souhaitent par les Amérindiens. Et devinez quoi ? Argent liquide seulement ! Et quand on demande un reçu, ils nous donnent un petit ticket rouge en rouleau comme ils vendent au Dollarama, sans date ni prix dessus. Me semble qu’ils déclarent toutes les entrées aux impôts ! Il y en avait du monde en plus pour voir cette « attraction » ! Mais bon, on aura vu un attrape-touriste pendant le voyage, ce n’est pas la fin du monde.

Encore frustrés par le prix d’entrée, on n’a pas fait la file pour prendre la photo le pied sur les «  4 coins », on s’est contentés de regarder les autres le faire :


En arrière-plan, on aperçoit quelques kiosques d’artisanat autochtone. En fait, le monument est carrément encadré de kiosques, comme un centre d’achat au milieu du désert :


On a dormi et fait notre troisième lavage du voyage dans un motel de la petite ville de Cortez, non loin du parc de Mesa Verde. 

Coucher de soleil en attendant la lessive :




JOUR  16     dimanche 31 août    

États rencontrés  :  Colorado
Distance  :  plus de 100 miles
Endroits visités  :  Mesa Verde national park


On est arrivés en avant-midi au parc de Mesa Verde, mais comme c’est le dimanche de la Fête du travail pour tout le monde, y compris aux États-Unis, c’est seulement en fin d’après-midi qu’on pouvait faire une visite guidée. Avoir su qu’on passerait toute la journée au parc, on aurait pu, pour une fois, dormir deux soirs de suite au même endroit et laisser nos bagages dans la chambre. Tant pis !

Finalement, tout ce temps libre n’était pas de trop. On a pris notre temps pour une fois, et on n’a même pas tout vu. C’est un grand parc. On en a profité pour visiter le centre d’interprétation et aller voir des secteurs différents de celui où on avait notre visite (en moto bien sûr, plus besoin de spécifier qu’on fait du « tourisme de char » !). D’ailleurs, j’ai réalisé par la suite qu’on avait pris peu de photos pour une si longue et belle journée. Comme quoi on profitait ! Seul moment de stress de la journée : mon communicateur est tombé de mon casque quelque part dans le grand stationnement du centre d’interprétation, ou pendant qu’on visitait celui-ci. Heureusement, quelqu’un l’avait rapporté à l’accueil. Les six journées entières de route du retour auraient parues encore plus longues si on n’avait pas pu se parler !

Mesa Verde est le seul parc aux États-Unis qui protège un patrimoine culturel plutôt qu’un territoire naturel. C’est un site d’intérêt archéologique puisqu’on y trouve de nombreuses constructions des anciens Pueblo, ancêtres de certains des Amérindiens états-uniens actuels. La région a été occupée sur une très longue période, c’est pourquoi les habitations passent de simples trous creusés dans le sol (ils en ont excavés plusieurs centaines) à des maisons aménagées directement dans les parois rocheuses. La plupart du temps, il n’y a qu’une seule de ces maisons creusées par endroit, mais il existe quelques « villages » dans le parc, des petits groupes de quelques habitations, comme celui-ci près du centre d’interprétation :


Même si le but est de protéger les sites archéologiques, la nature l’est aussi. Et les paysages sont très beaux. On s’est notamment rendus au point le plus élevé du parc :


Cette section du parc était beaucoup plus tranquille, malgré le fort achalandage. La plupart des gens se concentraient près des bâtiments ou des départs de visites guidées. On a même pu se photographier au belvédère, on était tout seuls.


Pour la visite guidée, on avait le choix entre le plus gros des regroupements de maisons ou « les balcons », parcours jugé plus difficile à cause des échelles et des passages étroits. C’est celui-là qu’on a choisi.



Ok, j’avoue qu’en robe ce n’est pas l’idéal pour monter les échelles presque verticales ! Mais c’était bien le fun pareil, et surtout très intéressant d’avoir les explications sur la vie de la petite communauté qui habitait là à la toute fin des 7 siècles d’occupation de Mesa Verde par les Pueblo, c’est-à-dire vers les années 1200-1300. Le quotidien était dur à flanc de montagnes, et l’espérance de vie courte. Une des raisons, en plus des nombreux accidents, c’est qu’ils avaient les poumons maganés à force de respirer de la fumée. Remarquez la suie noire sur le toit de roche :


Pourquoi pensez-vous que les Pueblo ont quitté le secteur ? L’hypothèse la plus probable est qu’ils avaient épuisé les ressources. Il n’y avait plus d’arbre, alors les animaux sont partis et les humains aussi.

Le surnom des « balcons » ne vient pas de la terrasse rocheuse ouverte sur la vue, mais bien de la présence, unique dans le parc il me semble, de deux balcons en bois devant l’une des maisons :


C’est incroyable, ces balcons ont plus de 700 ans !!

Comme on est partis tard du parc, on a fait peu de route avant de s’arrêter à nouveau pour dormir. C’est la petite ville de Durango qui nous accueilli. On s’est arrêtés avant le centre-ville, alors plutôt que de comparer les prix, on a pris une chambre chère disponible dans un motel sur le bord de la route principale : une suite attention ! On entrait à l’arrière par une petite terrasse. Bon, on était assis entre le bâtiment et la paroi de la colline, donc on n’avait aucune vue, mais quand même !



JOUR  17     lundi 1er septembre    

États rencontrés  :  Colorado
Distance  :  plus de 150 miles
Endroits visités  :  Great Sand Dunes national park


Déjà notre dernière destination touristique du voyage, mais quel bel endroit ! Les plus grosses dunes de sable en Amérique du Nord ! En route vers ce parc fort particulier, on a traversé une forêt, notre premier (notre seul) passage dans les Rocheuses américaines :


Alors qu’on s’approchait du parc national de Great Sand Dunes par les petites routes, et qu’on savait qu’il restait encore plusieurs miles avant d’arriver à destination, on se disait que les petites buttes de sable qu’on voyait au loin ne pouvaient pas être les plus grandes dunes d’Amérique du Nord (ou si oui, on allait être déçus !), mais on ne réalise pas toujours à quel point notre vision est trompeuse dans une plaine au pied des montagnes ! Elles sont loin d’être petites !

On a eu l’occasion de les admirer à distance avant d’entrer dans le parc, à travers la fenêtre du resto :


Une fois enregistrés, on a fait le tour du petit centre d’interprétation, puis on s’est trouvé un site de camping. Le choix était grand puisque en cette dernière journée de la longue fin de semaine, les gens quittaient le parc en majorité. Habitués qu’on était à mourir de chaud dans le désert, on a pris un site le plus ombragé possible :


Oups, on a changé de climat, la nuit au pied des Rocheuses, c’est vraiment frisquet ! C’est une région où il y a beaucoup d’ours, alors chacun des emplacements de camping était muni d’une grosse boîte en métal avec une barrure spéciale anti-nounours. Trop génial ce truc lorsqu’on est en moto ! Plus besoin de se casser la tête à tout empiler dans la tente ou à attacher nos affaires à un arbre. Avoir eu ça dès le premier camping, ça nous aurait peut-être motivés à en faire plus ! Mais bon, je me dis qu’à quatre fois, au moins on n’a pas traîné le matériel pour rien.

On est retournés se stationner au centre d’interprétation et on était prêts à attaquer la montagne ! Enfin la dune…

C’est épouvantable marcher là-dedans ! Les sandales ont rapidement pris le bord, ça allait mieux nus pieds. De loin, je trouvais le monde poche de marcher à la queue-leu-leu sur les crêtes, j’ai rapidement compris pourquoi. Ça cale et c’est super essoufflant. En commençant l’ascension, je me disais que c’était impossible de se rendre au premier gros pic, qui est aussi le plus haut, et de redescendre à l’intérieur de deux heures, comme nous l’avait dit la fille à l’accueil, mais c’est vraiment le début le pire. C’est là qu’on s’enfonce et qu’on a l’impression de ne pas avancer. Une fois en hauteur, il suffit de suivre les crêtes, comme tout le monde, et c’est beaucoup moins difficile.

D’abord, avant d’atteindre le bas de la dune, on traverse le lit séché de la rivière :


On peut voir que c’est plus foncé à cet endroit, le sol reste humide. La fin de l’été est la période la plus sèche de l’année, c’est pourquoi il n’y a pas d’eau. Plusieurs mois par année, les gens se baignent carrément dans la rivière, c’est ce qu’on voit sur toutes les photos, vidéos et publicités. Ça doit rendre l’expérience encore plus spéciale. Déjà avoir les pieds dans le sable fin au pied des montagnes rocheuses, c’est toute une expérience, s’y baigner, c’est sûrement quelque chose.

Puis, on commence à monter. On a jasé avec un gars qui s’est découragé après la première grosse montée. Il avait loué une espèce de planche à neige version sable, comme plusieurs faisaient, et il est redescendu. C’est après qu’on a compris qu’il aurait pu continuer, le pire étant passé.

Alors qu’on reprenait notre souffle à mi-montagne, bien assis dans le sable, et qu’on admirait le paysage, on s’est fait dépassés par la famille beaucoup trop en forme qu’on voit plus bas :


On en profitait pour jouer dans le sable, observant cet insecte coloré :


On a vu quelque part dans le centre d’interprétation qu’il n’y avait pas moins de sept espèces d’insectes endémiques à ces dunes, peut-être était-ce l’un d’eux.

On a rejoint la famille en forme et un autre couple au sommet.



C’était tranquille en fin d’après-midi. Il y avait encore un peu de monde qui montait, question d’admirer le coucher du soleil, mais la plupart s’en retournait. On a profité un long moment du sommet. C’est drôle parce que tout le voyage, Antoine s’attendait à voir des déserts de sable. Il était déçu de ne pas avoir eu l'occasion de se rouler dans le sable. Malgré la diversité des paysages rencontrés, déserts rocailleux, sablonneux, légèrement herbacés, aucun n’était fait de beau sable fin. C’est seulement à la toute dernière journée, au Colorado, au pied des Rocheuses, que l’on aura vu ce qu'on imaginait. On s’en est donné à cœur joie !

Puis, on est redescendus :


Finalement, c’est vrai que ça prenait environ deux heures : une bonne heure et demie pour monter, moins d’une demi-heure pour descendre !

De retour au camping, on voulait photographier le coucher du soleil, mais la brunante, c’est aussi l’heure des animaux…

Abbey Road, version chevreuils :


Coucher de soleil sur les dunes avec extra cerfs mulets :


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